Évoluer, c'est changer d'état, passer d'une situation à une autre. Lorsque la situation s'améliore, on parle généralement de progrès (progrès technologique, progrès social, progrès dans la santé d'un individu...). Lorsqu'elle se détériore, l'évolution est une régression.
On ne peut juger du bienfait d'une évolution sans définir un critère de valorisation (quelle utilité m'apporte la nouvelle situation ? est-ce que mon bien-être s'est accru ?). Le progrès technique, longtemps considéré comme indiscutablement positif, est aujourd'hui mis en doute en tant que progrès social. Le progrès est-il toujours un progrès ? Rétrospectivement, probablement pas, car nos jugements de valeur ont changé. L'asservissement de nos sociétés à la technologie et l'oubli subséquent de la nature sont, pour certains, une régression.
L'être humain n'aime pas les régressions. Évoluer oui, mais pas en moins bien. Voyez ces adolescents qui refusent de mûrir, ces femmes qui refusent de vieillir, ces bourgeois accrochés à leur statut social, ces actionnaires à leurs dividendes, ces artistes à leur notoriété, ces politiciens à leurs mandats électoraux, ces catégories socio-professionnelles à leurs privilèges. Voyez ces nantis qui refusent de payer pour les pauvres, ces populations qui refusent de partager avec les immigrés, ces libertaires qui refusent l'aliénation de « leurs droits ». Tous ces individus qui refusent une détérioration même infime de leur bien-être : autant de conservateurs en puissance, autant de freins à la réforme, autant d'opposants à l'évolution du monde.
Malheur à qui veut changer l'ordre établi, car il mécontentera forcément quelqu'un, l'un de ses « conservateurs en puissance » qui ne trouvera pas son compte dans l'évolution envisagée. C'est ainsi que, depuis 25 ans, la France n'évolue plus, qu'elle s'engourdit dans un carcan passéiste au nom du « ça marchait bien avant, y a pas de raison de changer ». Plus nos politiciens parlent de réforme, moins les choses bougent. Jusqu'au jour où la réalité du monde fera voler en éclat toute cette belle ouvrage arc-boutée sur ses avantages acquis.
Alors, si l'on peut formuler un vœu pour 2011 : tâchons d'évoluer ! Apprenons à évoluer. Sachons identifier nos principes et valeurs essentiels, conditions sine qua non de la France de demain (Que met-on dans le contrat social ? Liberté, égalité, fraternité ?). Sachons abandonner les faux-semblants érigés en principes par des années de conservatisme aveugle (Par exemple, le salaire minimum garanti est-il un droit intangible ? Non. Mais les moyens d'une vie digne pour chacun en sont bien un. Le salaire minimum garanti est un artifice pour tenter de respecter ce principe mais, s'il entrave la compétitivité économique, peut-être doit-on en imaginer de plus efficaces). Enfin, imaginons une France construite sur ces principes intangibles et réalisons-là.
En un mot : évoluons !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire