jeudi 17 mars 2011

Japon, Libye

Séisme, tsunami, accident nucléaire au Japon. Guerre civile en Libye menée par un despote sans merci. L'accumulation de mauvaises nouvelles, ressassées à longueur de journée par tous les médias, nous ferait presque regretter le temps où notre horizon de connaissance se limitait à la proche contrée. Ce temps où nul bruit ne parvenait du fracas qui déchirait les peuples à des milliers de kilomètres de là. Ce temps où l'on pouvait se croire heureux en son jardin, du moment qu'un peu de soleil, de travail et de solidarité suffisaient à produire le pain quotidien.

En ce moment, le battage médiatique est tel que l'on n'ose plus être heureux. Comment assumer que, pour nous, tout aille bien (tout est relatif, bien sûr) quand nos frères de l'autre bout du monde sont, eux, revenus aux temps barbares ? Comment assumer un certain bien-être, une certaine satisfaction de notre situation présente sans renier la fraternité quasi-obligée que l'on doit à nos congénères pris dans la tourmente ? Peut-on parler de progrès de l'humanité quand certains d'entre nous s'en retournent vers le Moyen-Âge ? Qui osera rigoler demain matin devant la machine à café, sans cette arrière-pensée inconsciente de culpabilité, sans cette mauvaise excuse qu'il vaut mieux rire pour oublier et penser à autre chose ?

Il est apparu au fil des dernières décennies une conscience de race - comme il y avait naguère une conscience de classe sociale. Conscience de la race humaine, une et singulière malgré la multiplicité des ethnies, des coutumes et des modes de vie. Le monde a changé, le village est devenu global. Par notre multiplication et par nos efforts effrénés pour exploiter le milieu dans lequel nous vivons, nous avons rendu le monde fini : nous l'avons ramené à une taille commensurable aux créations et aux erreurs dont nous sommes capables. Entre autres causes de cette évolution, la nouvelle religion du changement climatique a fait prendre conscience que l'homme, où qu'il habite, quel qu'il soit, quoi qu'il fasse, est soumis à un destin singulier, celui de survivre avec ses congénères ou de disparaître.

Certes, mais qu'y pouvons-nous ? Se sentir solidaire est une chose, agir en est une autre. Et quelle action mettre en œuvre ? Nos gouvernants se multiplient, ces jours-ci, dans les médias pour expliquer qu'il n'y a pas de raison de changer (la politique nucléaire de la France) ou, au contraire, qu'il faut impérativement changer les choses (intervenir pour la protection des populations en Libye). Girouettes soumises aux vents changeants de la démagogie ? ou solides capitaines tenant la barre d'une main ferme et rassurante ? L'avenir le dira. L'histoire sanctionnera ceux qui ont joué sur la mauvaise case et récompensera les autres. Aucune question de mérite là-dedans, seulement de probabilités.

En tous cas, les Fillon et Juppé qu'on aura vu à la télé ce soir ont pris un sacré coup de vieux. Ça use, les responsabilités ! Surtout quand on ambitionne d'être candidat de rechange aux élections présidentielles de 2012.

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