jeudi 3 novembre 2011

G20

"Cannes, unique objet de mon assentiment. Cannes, à qui vient Sarko d'immoler notre argent."

En cette fin de semaine (3 et 4 novembre 2011), le G20 se tient à Cannes. Il s'agit de la dernière réunion du G20 sous présidence française avant un bon bout de temps. Ce qui devait être l'apothéose de la présidence sarkozyenne à la tête du G20 a déjà fait pschitt sur bon nombre de sujets : l'équilibre du commerce international, l'appréciation du yuan chinois, la lutte contre la contrefaçon, la taxation des transactions financières, etc. Mais, au fait, pouvait-on vraiment attendre quelque chose du G20 ?

Le G20 n'est pas une institution. Le G20 n'a rien de démocratique, le G20 n'est pas représentatif des intérêts des peuples, le G20 n'a aucun pouvoir de décision ni de mise en œuvre. Dès lors, on peut se demander pourquoi tant de manifestants s'échinent à protester contre chaque réunion du G20 ? Faut-il qu'on lui accorde tant de crédit pour imaginer que ce machin a des pouvoirs qu'il n'a pas ? Ou bien cherche-t-on dans le G20 un bouc émissaire pour éviter de s'interroger sur les véritables causes de tous nos maux ?

Le G20 est un club. Le G20 est élitiste, le G20 rassemble les dirigeants de 20 pays parmi les plus puissants de la planète, le G20 est un lieu d'échange de vues. Le G20 est comme ces clubs de la haute société où se rassemblent les dirigeants des plus grandes entreprises. On y cause, on teste des idées, on négocie mais chacun reste maître chez soi. Il y a un code de conduite (politesse, savoir-vivre, diplomatie) mais les règles sont tacites et ne garantissent rien de plus que la sérénité du lieu. Aucun accord trouvé dans le cadre du G20 - il faudrait plutôt parler de consensus - n'a de valeur contraignante pour qui que ce soit. Dès lors que le G20 n'est qu'une manifestation d'un certain groupe d'intérêts, faut-il s'étonner que tant de manifestants, soit qu'ils se sentent exclus, soit qu'ils se sentent en danger, expriment avec force leurs opinions contradictoires ? Protester contre le G20 est inutile (le G20 n'a pas de pouvoir) mais c'est aussi légitime et nécessaire que toute autre forme d'action démocratique (la démocratie ne s'use que si l'on ne s'en sert pas).

Bref, le G20 ne sert à rien et, franchement, je me demande bien pourquoi les Chinois trouvent un intérêt à venir y écouter les jérémiades de l'Europe ou des États-Unis. Savoir-vivre extrême-oriental ? Sourire de façade mais aiguille empoisonnée cachée dans le dos ?

Toujours est-il que l'existence même du G20 interroge sur la représentativité des dirigeants du monde. Quel mandat ces dirigeants ont-ils pour discuter de mesures de politiques économiques aux conséquences parfois dramatiques ? L'élection démocratique au suffrage universel, pour les pays qui la pratiquent, suffit-elle à donner mandat au président élu pour négocier tout et n'importe quoi au G20 ? Comment s'assurer que les dirigeants du G20 représentent effectivement et efficacement les intérêts de leur pays et ne cèdent pas aux pressions des lobbies industriels, financiers, religieux, etc. qui savent occuper les antichambres du pouvoir ?

Le problème est bien plus vaste que le G20, puisqu'on touche là à la légitimité démocratique des dirigeants (NB : si l'on mesurait la performance d'un mode de gouvernement à l'aune de la croissance économique qu'il obtient, le régime autocratique chinois serait sans doute champion du monde ; tout le monde conviendra néanmoins que ce n'est pas le régime le plus souhaitable). Ce problème de légitimité démocratique est néanmoins crucial.

Regardez la Grèce : alors que son gouvernement a négocié à Bruxelles les conditions de sauvetage économique du pays (effacement d'une partie de la dette publique, en contrepartie de réformes structurelles radicales), il remet en balance la décision en la soumettant au référendum populaire. Quoi qu'on en pense, c'est un aveu de faiblesse de la part des dirigeants grecs : ils veulent bien être aux commandes quand la mer est agitée mais, lorsque le temps tourne à la tempête, ils laissent l'équipage choisir la direction du navire. Vaut-il mieux un capitaine inflexible, qui fixe le cap malgré l'équipage, ou un équipage solidaire, qui agit malgré la science du capitaine ? L'avenir le dira.

1 commentaire:

  1. En fait de capitaine courage, le Premier ministre grec G. Papandréou a fait marche arrière toute sur cette question du référendum. Il faut croire qu'entre son équipage et l'amirauté européenne il a fini par choisir. Élites de tous les pays, unissez-vous !

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