mardi 5 novembre 2013

Se prendre une portière... ou presque

C'était dans la nuit brune, sur l'asphalte jauni par le néon d'un lampadaire parisien, quelque part entre Assemblée Nationale et Le Bon Marché, quartier posh s'il en est. Une jeune femme à bicyclette, derrière laquelle j'embrayais le pas - ou plutôt le coup de pédale - sur mon Vélib de compétition.


Soudain, la portière s'entrouvre d'un gros 4x4 sombre de marque allemande - posh, le quartier - juste devant la donzelle, qui fait aussitôt l'écart et manque de toucher la peinture métallisée.
- Pourriez pas faire attention !
L'homme de rétorquer - oui, ce ne pouvait être qu'un vieux con :
- T'as qu'à mettre des lumières, eh patate ! (c'est qu'il en a du vocabulaire, le nouveau riche à la cinquantaine sportive et à la suffisance capillaire)
S'ensuivit une petite altercation, chacun tenant l'autre pour responsable de l'incident. Scène ordinaire dans un Paris qui fait la guerre aux automobilistes.

Quelques remarques :

- Le code de la route impose aux cyclistes d'avoir un éclairage avant et arrière (http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/spipdgmt/pdf/Eclairage_des_velos_2008-03-05_cle74e6ad-1.pdf). Ne pas en avoir est une infraction rarement sanctionnée à Paris. La donzelle était donc en infraction.
- Le code de la route impose aux automobilistes de ne pas gêner la circulation lorsqu'ils stationnent. Descendre d'une voiture en stationnement est aussi concerné par cette obligation. Le beau gosse quinquagénaire était donc en infraction.
- Ce n'est pas parce qu'un cycliste n'a pas de lumière qu'on est en droit de le renverser. Ce n'est pas parce que le flux de circulation - fût-il constitué exclusivement de deux cyclistes - est prioritaire sur les véhicules en stationnement qu'il ne faut pas faire attention à tout véhicule arrêté.
- Être dans son tort ne donne pas le droit d'insulter les gens. Être dans son bon droit non plus. Même si l'adrénaline vous saisit et que la moutarde vous picote les narines, le calme est toujours préférable.

Juste un regret, si la donzelle avait chuté, l'occasion aurait été trop belle de venir à son secours et d'entamer la conversation. S'introduire dans une altercation qui manquait d'énergie pour être vraiment convaincante était au-dessus de ma timidité naturelle. J'ai passé mon chemin, comme souvent. D'un autre côté, elle n'était pas vraiment mon genre.

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