C'était en 1997. L'homme descendit du train, accusé d'avoir volé la société. Il ne savait pas encore que la première entreprise ferroviaire de France allait lui extorquer 140 francs.
Habitant Paris, il avait l'habitude, le samedi matin, de rendre visite à ses parents qui vivaient dans une petite commune de banlieue. Grâce au dense maillage des transports en commun jusqu'en proche couronne, il disposait, entre son domicile et sa destination, de deux options : RER, trois stations dont un changement à Châtelet, ou métro, 15 stations dont 2 changements. Autant dire qu'il n'y avait pas photo questions rapidité et confort. Le hic, qu'il ne mesurait pas alors, est la différence tarifaire. Dans un cas, 12 francs pour aller jusqu'en zone 3 (hors de Paris, le RER est tout de suite en zone 2 ou 3), dans l'autre 6 francs pour aller presqu'au bout de la ligne de métro (zone tarifaire unique avec Paris).
Étant donné qu'il allait au même endroit, il pensait avoir le droit de voyager en RER avec un simple ticket de métro (le pass Navigo n'était pas né). Cette possibilité lui semblait confortée par le fait que les portillons automatiques d'accès aux quais acceptaient bien son ticket de métro. Mal lui en prit. Le quatrième samedi qu'il faisait cela, contrôle des billets.
Pris en flagrant délit de titre de transport non valide, il fut sommé de payer sur-le-champ 90 francs d'amende. Il n'avait sur lui que 83,45 francs et pas son chéquier, ce qui poussa la contrôleuse à dresser une contravention en bonne et due forme pour l'adresser à son domicile. Le trajet étant particulièrement rapide et le stylo de la contrôleuse particulièrement lent, arriva bientôt la station de destination de l'homme où il fallut retenir le train en gare pour donner le temps à la contrôleuse de terminer le remplissage du formulaire. Quand on connaît la densité du trafic ferroviaire sur cette voie et le coût social d'un retard intempestif, on se demande si la contrôleuse a eu bien fait de retenir le train en gare.
L'homme descendit donc du train à la station dite, avec cette consigne : "vous recevrez la contravention à votre domicile". Point de papier, rien qu'il put utiliser pour payer sa contravention ou porter réclamation auprès de la SNCF. De fait, il ne reçut rien.
Trois mois étant passés, arriva un jour au domicile de l'homme un commandement de payer, assorti de l'ouverture d'un casier judiciaire pour refus de paiement de contravention. Étonnamment, on n'avait pas son adresse pour lui expédier la contravention mais on l'avait pour menacer de poursuites judiciaires. Le montant pour arrêter les poursuites judiciaires n'était plus de 90 francs mais 230 francs, ce dont il s'acquitta de bonne grâce, estimant qu'il aurait à perdre à contester quoi que ce fût, vu qu'il n'avait aucune preuve.
Aujourd'hui, l'homme garde encore grief à cette contrôleuse zélée mais incompétente dont il aimerait pouvoir briser la carrière. Aujourd'hui, l'homme ne va plus voir ses parents, ni en RER, ni en métro.
SNCF, à nous de vous faire préférer le train !
PS : les montants peuvent avoir été déformés par la mémoire.
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