vendredi 25 mai 2012

Théorie pour sociologues

On a eu la société de l'esclavage, où le travail était devoir et où l'homme enchaînait l'homme pour lui faire faire ses moindres caprices.

Puis, l'homme s'est libéré de son joug et a érigé le travail en promesse de liberté. Ce fut la société du travail, autre forme d'esclavagisme, moins brutale mais plus inhumaine en ce qu'elle enchaînait l'homme au capital.

Les gains de productivité ont ensuite appris à l'homme occidental que le travail n'était plus un droit mais une chance. La chance de subvenir aux besoins de sa famille par sa seule force de travail. Ce fut la découverte du chômage de masse et, par la même occasion, la ségrégation d'une frange de la population, celle des inutiles condamnés à l'oisiveté faute de trouver un travail dans la société.

On nous a alors vendu la théorie d'une société du loisir. Puisqu'il y avait moins de travail que de gens pour travailler, il n'y avait qu'à partager le travail et partager le temps libre. Congés payés, RTT et compagnie ont ancré dans les esprits l'idée d'un droit à disposer de temps pour soi.

Mais pour se permettre des loisirs, il faut avoir de l'argent. Or, l'homme occidental n'a plus d'argent car plus de travail. Plus de travail, plus de loisirs : que faire ? Nos gouvernants prétendent que l'innovation est la clef de la croissance future. Il va donc falloir former plus, et plus longtemps, et mieux, toute la population. Après la société du travail, après la société du loisir, place à la société de l'éducation.

Le risque est qu'on cache sous le nom d'"étudiants" des gens qui sinon auraient été chômeurs. Les optimistes diront que passer son temps libre à étudier est au moins aussi bien qu'à pointer à l'ANPE. Les pessimistes feront remarquer que l'éducation coûte et qu'on n'a toujours pas d'argent. Misère !

Heureusement que les sociologues sont là pour mettre des mots sur nos maux : l'homme s'apaise quand on lui raconte des histoires... (jusqu'à ce qu'il s'en rende compte !)

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