mardi 31 décembre 2013

Requiem K626

Cela a beau être du Mozart, c'est chiantissime ! On sent la déprime d'avant la fin, les idées lugubres qui reprennent le dessus dès qu'un début de phrase un peu enjoué commence à s'élancer. On croirait y entendre du Bach par moments et du Schubert (qui a copié qui ?) mais en moins plaisant.

Cela étant, l'expérience fut des plus palpitantes, pour une toute autre raison.

Elle était venue avec ses parents, comme une bonne fille de famille, au concert du réveillon. Elle était brune. Elle avait froid. Des lunettes à monture noire, rectangulaires, et de longues mèches encadrant le visage trahissaient un manque d'assurance intérieure malgré ses dehors de jeune femme accomplie. Son dos engoncé dans un manteau de laine bleu anthracite semblait frissonner.

Ah, si j'avais osé... (dans un monde où la bienséance ne le dispute pas à l'interdit)

Passer les mains dans ses cheveux. Sentir chaque mèche glisser au creux des doigts, et tressaillir de plaisir à cette seule sensation. Redécouvrir ce nerf inconnu qui plonge au plus profond de l'intime, dans les souvenirs d'enfance et la pâte à modeler.

Souffler dans son cou une brise chaude, à la racine des cheveux, et la voir frémir au moment où cette étincelle pénètre l'épiderme par les millions de pores soudains ouverts. Observer l'ardente quiétude s'installer en elle et la tension des épaules disparaître.

Plus tard, seul à seul, m'approcher de son dos nu et lui caresser les épaules de mes mains brûlantes. Me coller contre sa peau et descendre les mains vers son ventre, paumes à plat, irradiant vers son intérieur encore avide de chaleur. Alors elle resserrerait les cuisses par réflexe, passerait sa main derrière ma nuque et tournerait la tête pour m'embrasser.



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